Revue de presse

G. Konopnicki : "La mauvaise étoile" (Marianne, 23 juil. 21)

Guy Konopnicki, journaliste, écrivain, chroniqueur à "Marianne". 21 mars 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"[...] Voici que l’on en vient à jalouser l’étoile infamante, imposée par les nazis dans l’Europe occupée ! Pis encore : outre l’étoile, des manifestants, opposés au vaccin ou au passe sanitaire, brandissent l’image détournée de l’entrée du camp d’Auschwitz et scandent divers slogans où le non-vacciné se définit comme un paria, rejeté de la société, au même titre que les juifs sous le IIIe Reich. Ces signes accompagnent un retournement de sens, où la vaccination, qui est, à ce jour, le seul moyen d’endiguer la pandémie, devient le mal lui-même. Ces délires ne sont pas seulement une offense à la mémoire des victimes de la Shoah, comme l’a rappelé le rescapé Joseph Szwarc, lors de la cérémonie commémorative du Vél d’Hiv. Ils renvoient aux réactions les plus obscures, aux pogroms qui suivaient les épidémies. La peur irrationnelle se substitue à la critique de la politique sanitaire.

Le vide politique laissé par l’effondrement des partis de gauche laisse tout mouvement protestataire, légitime ou non, à la merci des manipulations et des détournements. Les vieux partis avaient tous les défauts, mais ils portaient une culture politique. Il ne reste que des nébuleuses, conçues pour soutenir ou tenter de fabriquer un candidat présidentiel. Et ces nébuleuses, vertes ou rouges, sont incapables d’organiser et d’encadrer un mouvement protestataire.

Les diverses personnalités qui soutiennent les manifestations se bornent à déplorer, du bout des lèvres, les débordements – quand elles ne les cautionnent pas. Or il semble difficile de croire que les mêmes symboles apparaissent en plusieurs villes de France par l’effet de la spontanéité naïve des manifestants, ou même par la seule force de propulsion des réseaux sociaux. Aucune organisation n’étant officiellement à l’origine des manifestations, des militants de gauche et des syndicalistes défilent en compagnie de figures notoires de l’extrême droite. Dans la confusion, la peur obscurantiste prend le pas sur la contestation des méthodes autoritaires, et l’on réveille, au passage, les délires antisémites en jouant avec les symboles de l’extermination des juifs d’Europe."

Lire "La mauvaise étoile".


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