Revue de presse

G. Biard : "Les perroquets de la gauche Allah Akbar" (Charlie Hebdo, 5 jan. 22)

Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo". 28 janvier 2022

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Il y a quelques semaines, lors d’une causerie en ligne entre militants, la reine de la ruche indigéniste, Houria Bouteldja, qualifiait Jean-Luc Mélenchon de « butin de guerre ». L’expression est amusante, mais impropre. Si le Líder máximo des Insoumis a longtemps tenu une ligne républicaine et laïque avant de livrer son parti-foutoir aux lèche-mollahs par minable calcul électoraliste, il n’y a jamais eu de guerre entre les islamistes et cette frange de la gauche radicale qui, dès le début de la « révolution islamique » en Iran, a choisi se soutenir le camp du totalitarisme religieux, en s’imaginant combattre le capitalisme et le néocolonialisme.

Comme Houria Bouteldja, nombre de personnalités de cette gauche islamophile auraient pu écrire « Mohamed Merah c’est moi et moi je suis lui ». Certaines et certains l’ont d’ailleurs fait, avec d’autres mots et à propos d’autres assassins terroristes, mais avec la même fièvre romantique. Au lendemain de la tuerie à Charlie Hebdo, Virginie Despentes écrivait dans Les Inrocks : « J’ai été aussi les gars qui entrent avec leurs armes. Ceux qui venaient de s’acheter une kalachnikov au marché noir et avaient décidé, à leur façon, la seule qui leur soit accessible, de mourir debout plutôt que vivre à genoux. J’ai aimé aussi ceux-là qui ont fait lever leurs victimes en leur demandant de décliner leur identité avant de viser au visage. J’ai aimé aussi leur désespoir. »

Toute propagande a besoin de relais pour se diffuser. Celle de l’islam politique ne pouvait rêver de meilleurs porte-voix que les sinistres guignols de cette gauche renégate qui a trahi ses valeurs et une partie de son histoire pour reprendre, parfois au mot près, les éléments de langage de la com coranique. Le hijab élégant et libérateur  ; la pudeur émancipatrice  ; l’« identité » dans la foi  ; la laïcité stigmatisante  ; le blasphème, crime contre l’humanité  ; le terrorisme, arme des offensés  ; l’Occident décadent et tueur d’enfants… Sans oublier le si pratique concept d’« islamophobie », qui permet de crier en toute bonne conscience « Allah akbar  ! » sous les fenêtres du Bataclan, bras dessus, bras dessous avec des imams fanatiques.

Intellectuels, journalistes, écrivains, sociologues, philosophes, enseignants, ils s’appellent Edwy Plenel, Jacques Rancière, Jean Baubérot, Christine Delphy, François Héran, Emmanuel Todd, Rokhaya Diallo, Jean-Luc Nancy, Alain Badiou, François Burgat, Sandra Laugier… La liste, malheureusement, est loin d’être exhaustive. Ce sont les panneaux JCDecaux de l’islamisme. On les a plantés dans les médias, dans les facs, dans les instituts d’études politiques, au Collège de France, à l’École des hautes études en sciences sociales (EHESS), où ils célèbrent le Hijab Day, piétinent la dépouille de Samuel Paty, dissertent sur « la dangereuse religion française de la laïcité » – titre d’un article du sociologue franco-iranien Farhad Khosrokhavar, directeur d’études à l’EHESS, publié sur le site Politico deux semaines après l’assassinat de Samuel Paty et quelques jours après l’attentat à la basilique Notre-Dame, à Nice –, ou encore expliquent que la liberté d’expression doit s’effacer devant la « liberté religieuse ». Parfois, ils prêchent du haut de leur « Vigie », comme les deux bedeaux de la « laïcité inclusive » Jean-Louis Bianco et Nicolas Cadène. Dans les partis politiques, on les trouve à LFI, chez les Verts, au NPA, mais parfois aussi au PS, au PC ou à LREM.

Ils légitiment toutes les saloperies, le prosélytisme religieux, les attentats et les assassinats terroristes, l’intégrisme, la soumission des femmes, l’exécution des homosexuels, l’emprisonnement des opposants, l’oppression des libres-penseurs et des athées… Quand Daech massacre les Yézidis, ils expliquent qu’on ne construit pas un État sans casser quelques oeufs. Quand les Américains abandonnent l’Afghanistan aux talibans, ils professent qu’on-n’exporte-pas-la-démocratie. Quand une attaque terroriste ensanglante Paris, Londres ou Bruxelles, ils accusent la guerre, la misère en banlieue, le racisme d’État et la société de consommation. Mais quand une bombe explose dans une mosquée au Pakistan ou à Kaboul, ils s’interdisent de commenter les matchs à domicile. Car les seuls musulmans qui les intéressent sont ceux qui ne sont pas trop loin de leur nombril.

Qu’ils parlent et agissent par conviction, par lâcheté, par calcul cynique, par dandysme intellectuel ou par fascination pour la violence politique n’a au fond que peu d’importance. Ils sont des rouages essentiels de la propagande islamiste, mais ils restent un instrument. Méprisable pour ceux qui l’utilisent. Ils s’imaginent penseurs d’importance et grands théoriciens, ils ne sont que perroquets qu’on dégagera du perchoir quand ils seront devenus inutiles. De vulgaires moutons de l’Aïd qui affûtent eux-mêmes le couteau qui finira par les égorger."

Lire "Les perroquets de la gauche Allah Akbar".


Voir aussi dans la Revue de presse le dossier "Les nouveau clusters de l’islamisme" (Charlie Hebdo, 5 jan. 22), la rubrique Gauche et islamisme (note du CLR).


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