Revue de presse

G. Biard : "Est-ce que dire qu’un homme n’est pas une femme est une insulte  ?" (Charlie Hebdo, 8 mars 23)

Gérard Biard, rédacteur en chef de "Charlie Hebdo". 9 mars 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"« Pourvu qu’on ne se fasse pas taper dessus ». C’est l’inquiétude, relativement nouvelle, qui saisit désormais les militantes féministes à la veille de telle ou telle manifestation pour les droits des femmes. Plus préoccupant, ce ne sont pas les ­matraques des CRS qu’elles craignent, mais les agressions et les violences d’autres participants. Ce fut le cas notamment l’an dernier, lors de la ­manif du 8 mars, où des femmes ont été molestées et insultées par des militants de la cause trans – le plus souvent des hommes –, aux cris de « mort aux Terf [acronyme anglais pour féministe radicale excluant les trans, ndlr] ».

Quel crime ont donc commis ces femelles hystériques  ? Elles refusent de confondre le sexe, réalité biologique, et le genre, construction sociale et/ou psychologique. Oui, exactement comme J. K. Rowling, la créatrice d’Harry Potter, passée aux yeux de ses fans les plus « progressistes » du statut de déesse vivante à celui de nazie blasphématrice, pour avoir écrit sur Twitter qu’une « personne menstruée », ça s’appelle une femme…

Intimidation judiciaire

Au harcèlement physique et numérique risque de s’ajouter bientôt le harcèlement judiciaire. Le 15 ­février, les associations Stop Homophobie et Mousse ont déposé une plainte avec constitution de partie civile contre l’autrice et militante féministe Dora Moutot pour « injures publiques en raison de l’identité de genre et provocation publique à la haine ou à la violence envers un groupe de personnes en raison de leur identité de genre ». En cause, des ­propos sur Marie Cau, maire transgenre de Tilloy-lez-Marchienne – « c’est un homme, c’est un homme transféminin » –, sur certains militants trans – « ce sont des personnes ­malades, qui utilisent des techniques dignes du pire auto­ritarisme » –, et sur le danger que représentent pour les autres détenues les hommes « auto-identifiés » transgenres qui demandent à être incarcérés dans des prisons pour femmes, surtout quand ils ont préféré conserver leur pénis, au cas où, et qu’ils ont été condamnés pour viol. Ce n’est pas un fantasme, le cas s’est présenté encore tout récemment en Écosse, et il a fallu le veto de Westminster pour que l’administration pénitentiaire locale renonce à autoriser ces transferts…

La stratégie d’intimidation judiciaire est classique, elle a largement été utilisée contre Charlie dans les années 1990 par l’Alliance générale contre le racisme et pour le respect de l’identité française et chrétienne (Agrif), une association catholique d’extrême droite. Si la plainte est jugée recevable, le tribunal aura donc à répondre à trois questions. Est-ce que dire qu’un homme n’est pas une femme est une insulte  ? Est-ce que rapporter des faits avérés est un appel à la haine  ? Est-ce que les menaces, les pressions et les anathèmes qui pèsent sur celles et ceux qui ne se prosternent pas devant la statue du dieu Genre-qui-voit-tout-qui-peut-tout sont légitimes  ?

Diktats dogmatiques

Désormais, même les lesbiennes qui refusent d’avoir des relations sexuelles avec des hommes « auto-identifiés » femmes sont accusées de « transphobie »… Mais au fait, nier à une personne le droit ne pas éprouver de désir pour le sexe opposé, ça ne s’appelle pas de l’homophobie  ? Et bien sûr, c’est encore à des femmes que l’on reproche d’en faire trois tonnes pour une malheureuse bite.

C’est une chose de prendre en charge la dysphorie de genre et de lutter contre les discriminations. C’en est une autre de vouloir à toute force faire plier la réalité sous des diktats dogmatiques. Après avoir dû lutter pendant des siècles pour jouir de leurs droits les plus élémentaires, les femmes sont aujourd’hui confrontées à la plus sournoise et effarante des menaces : celle d’être bannies du vocabulaire et effacées de la photo officielle, comme un vulgaire apparatchik tombé en disgrâce au temps du stalinisme."



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