Revue de presse

"Être une gauche libérée, c’est pas si facile…" (G. Andrieu, Causeur, mars 16)

Gérald Andrieu, rédacteur en chef de "Causeur". 11 avril 2016

"La gauche républicaine redonne de la voix et progresse dans l’opinion. Mais ce chant du coq parviendra-t-il à couvrir le cancan de la gauche multiculturaliste ?

Aux yeux de ses adversaires de gauche, cela ne peut pas exister. Ou, plutôt, cela ne doit pas exister. Imaginez un peu leur cauchemar : comme si une jolie licorne, ayant brouté dans les prairies du camp du Bien, s’était accouplée avec une bête à cornes, un dahu, par exemple, qui de plus, selon leur logique, ne tournerait qu’à droite ! Cela donnerait naissance, dans leur esprit, à une créature boiteuse, une « bête immonde », selon leur vocabulaire. Mais voilà, cette gauche-là existe bien. Et elle se fait à nouveau entendre. Cette gauche qui se revendique de la République et de la laïcité non adjectivée, qui aborde les replis identitaires sans rechigner, qui refuse le communautarisme et qui entend acter les dégâts du multiculturalisme. Cette gauche qui n’accepte pas la pente raide sur laquelle nous sommes engagés et au pied de laquelle l’école va finir par se fracasser. Une gauche, en somme, qui estime « que la Terra n’est pas nova, que nous sommes les héritiers d’un monde plus vieux que nous », pour reprendre les mots d’Alain Finkielkraut. Le Point a d’ailleurs fait tout récemment (et sans doute un peu rapidement) de ce dernier le maître-à-penser de cette gauche-là – qui serait emmenée sur le plan politique (c’est encore plus discutable) par un Manuel Valls « finkielkrautisé ». Néanmoins, voici venu le temps pour cette gauche républicaine et laïque de reprendre la parole dans le débat public. Cette gauche qui, pour ses détracteurs, ne le serait tout simplement plus, à force d’avoir viré « réac ». [...]

Les attentats de 2015 sont passés par là. Dans l’opinion, les oukazes, dénonciations et, plus encore, les injonctions de ne pas voir ce qu’on voit ne prennent plus. Et cette gauche du réel gagne finalement du terrain, du moins parmi la population. « La gauche culturelle n’est pas forcément hégémonique dans l’opinion. La gauche laïque, celle des hussards noirs, est en train de reprendre du poil de la bête, estime Jérôme Fourquet de l’Ifop. Finkielkraut, Onfray, Brighelli, Polony, Badinter, tous ces gens sont attachés par exemple au mérite et à l’élitisme républicain. Ils regrettent que l’ascenseur républicain ne fonctionne plus. Toute une frange de la population éprouve le même trouble intellectuel qu’eux. Ces personnes-là sont attachées à des valeurs, des principes – l’orthographe en est un exemple – et refusent de les voir brader. Elles ne sont pas de droite, mais elles ne se reconnaissent plus dans la gauche. » [...]"

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