Revue de presse

"Enseignement de la Shoah : l’Education nationale ne voit pas matière à polémique" (Le Monde, 6 sept. 11)

9 septembre 2011

"Dans une tribune publiée dans Le Monde du 31 août 2011, Claude Lanzmann s’est élevé contre une "action néfaste" imputée au ministère de l’Education nationale et aux éditeurs de manuels scolaires. "Une circulaire, parue dans le Bulletin officiel n° 7, de septembre 2010 [...], insistait sur la nécessité de supprimer le terme "Shoah" des manuels scolaires", écrivait l’écrivain et cinéaste. [...]

La polémique est antérieure cet article. En juillet, le journaliste et écrivain Guy Konopnicki signait une tribune sur le Net, "Le nouvel enseignement du mépris". L’ancien porte-parole du comité de soutien à Catherine Pederzoli (enseignante suspendue quatre mois pour manquements professionnels) dénonçait "une circulaire recommandant de remplacer le mot "Shoah" par "anéantissement"". Et reprochait à l’éducation nationale de "refuser un traitement trop singulier, trop juif, ce qui revient à réduire la dimension singulière de l’événement à sa durée et à son ampleur". […]

"Le terme "Shoah" n’est pas présent dans l’intitulé du programme, reconnaît le ministère, mais la Shoah est enseignée en CM2, 3e et 1re". "C’est un devoir d’histoire et une exigence morale avec laquelle je ne transige pas, a rappelé le ministre de l’éducation, Luc Chatel, le 1er septembre. Il n’y a aucune instruction concernant le choix des mots." [...]

"Le mot "Shoah" n’apparaît que dans le programme de CM2, instauré en 2008", rappelle Annette Wievorka. L’historienne ne minimise pas l’importance du "débat sur la terminologie", qui remonte aux années 1970. "L’enseignant est libre d’utiliser le terme qui lui semble adéquat, souligne-t-elle. Et s’il est un bon enseignant, il expliquera son choix, et laissera ses élèves libres d’opter pour l’un ou l’autre mot." "Le mot "Shoah" n’est pas tabou à l’école, confirme Jacques Fredj, directeur du Mémorial de la Shoah. Les pays anglo-saxons parlent d’"holocauste" ; pour ma part, j’utilise "Shoah", mais aussi "destruction", comme Raul Hilberg [historien, auteur de La Destruction des juifs d’Europe]." [...]

Mais le "noeud du problème est la méconnaissance du nazisme", explique [Iannis] Roder, [historien, formateur au Mémorial de la Shoah], avec un déficit de formation de beaucoup d’enseignants. Et pour cause : il n’existe pas de chaire d’histoire de la Shoah en France, et peu de cours spécialisés à l’université. "Les politiques visant les juifs et les Tziganes relèvent de deux logiques très différentes", relève-t-il, et "les coupler dans l’intitulé du programme n’aide pas à leur compréhension". "Les Tziganes, comme les juifs, ont été "tués en famille", mais les procédures conduisant à la mort des Tziganes sont radicalement différentes de celles menant à la mort des juifs", précise Annette Wieviorka.

Les éditeurs dénoncent une "polémique incompréhensible". "Nous n’avons eu connaissance d’aucune consigne ministérielle, répète Sylvie Marcé, présidente du Syndicat national de l’édition. Tous les manuels comportent le mot "Shoah" dans les pages de cours ou dans les glossaires". "


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