Comité Laïcité République Pyrénées

En mémoire des républicains espagnols victimes du coup d’Etat d’extrême droite de juillet 1936 (CLR Pyrénées, 22 avril 22)

91e anniversaire de la Seconde République espagnole. 25 avril 2022

COMMUNIQUE DE PRESSE

Ce 22 avril 2022, une délégation du Comité Laïcité République Pyrénées s’est rendue à Jaca, dans le Haut-Aragon. Elle souhaitait commémorer en ce mois d’avril, le 91e anniversaire de la Seconde République espagnole et honorer le souvenir des Républicains victimes du coup d’Etat des militaires d’extrême droite les 17 et 18 juillet 1936, date d’engagement dans la Guerre d’Espagne.

Pour ce faire, une gerbe, aux couleurs de nos deux Républiques, l’une Rouge/Or/Violet, l’autre Bleu/Blanc/Rouge a été déposée sur le monument érigé au sein du cimetière de la Ville à la mémoire des citoyens exécutés.

Au nom du Comité Laïcité République Pyrénées a été prononcée une allocution dont la teneur suit.

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Citoyennes, Citoyens, chères amies et chers amis,

Les prémisses de la Seconde République espagnole sont ici, dans les Pyrénées, si proches de Pau, si proches de nous.

Le 17 août 1930 fut signé le Pacte de Saint-Sébastien, témoignant de l’accord de différents partis et organisations politiques, et syndicales espagnoles et régionalistes en faveur de la République, traduisant un mouvement populaire irrésistible face à une monarchie en déclin.

Ici, dans le Haut-Aragon, la ville de Jaca fut plus encore le théâtre d’une tentative d’insurrection républicaine le 12 décembre 1930 menée par deux officiers de la garnison, les capitaines Fermin Galan Rodriguez et Angel Garcia Hernandez. Alors qu’un mouvement concerté des forces républicaines devait se déclencher partout en Espagne à la mi-décembre, l’action fut lancée de façon prématurée et précipitée par ces deux officiers.

La République fut proclamée à l’Hôtel de Ville de Jaca et une colonne armée pris la route vers Huesca et Saragosse ; elle fut arrêtée dans le village d’Ayerbe entre Jaca et Huesca et dans les quarante-huit heures qui suivirent, les deux officiers rebelles furent sommairement jugés par un conseil de guerre improvisé et immédiatement fusillés à Huesca, devenant immédiatement des Héros de la Cause républicaine.

Au printemps suivant, les élections municipales du 12 avril, de simples élections municipales, furent remportées par les partis républicains, essentiellement dans les villes et les régions industrielles. Le Roi Alphonse XIII décida de partir immédiatement en exil à l’étranger, abandonnant son trône, sans pour autant abdiquer et renoncer à la Couronne.

La République fut proclamée le 14 avril en premier lieu en Catalogne, quelques instants après à Madrid et un gouvernement provisoire fut aussitôt constitué. Elle fut tout autant proclamée à l’Hôtel de Ville de Jaca et à cette occasion, fut demandée une amnistie en faveur de toutes les personnes emprisonnées à la suite de la tentative du 12 décembre.

Je ne vais pas décrire ici les différentes étapes de la Guerre civile depuis le pronunciamento de l’Armée d’Afrique le 17 juillet 1936. Dès les premiers jours, les militaires rebelles, les phalangistes et les requetes navarrais se distinguèrent dans les exécutions sommaires, les humiliations, les viols et les massacres dès leur prise de contrôle des villes et villages.

Souvenons-nous ici de Jaca où dès les premiers jours plus de cent personnes élus locaux, syndicalistes, instituteurs furent assassinés et, de nos jours nous pouvons nous recueillir devant le monument commémoratif qui leur est dédié. 

Voilà ce qu’écrit l’historien britannique Paul Preston dans son ouvrage de référence, Une guerre d’extermination, Espagne, 1936-1945, p. 695 :

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« La répression est particulièrement brutale à Jaca, sous la direction du commandant Dionisio Pareja Arenilla, qui reçoit de Saragosse l’ordre de « purger une fois pour toutes les éléments indésirables ». Le corpulent évêque de Jaca, Juan Villar Sanz, qui n’a aucun pouvoir et laisse les coudées franches à une petite bande de prêtres réactionnaires. Des listes noires sont rédigées avec l’aide des patrons locaux, à Jaca même et dans les pueblos environnants, comme Sabinanigo, Anso, Canfranc et Biescas. Il n’y a pas de procès. Des colonnes militaires aidées par des phalangistes arrêtent des centaines de personnes ; les exécutions démarrent le 27 juillet et dureront jusqu’à la fin de l’automne.(…) … le père Hermenegildo de Fustinhana, homme grand et osseux. Chapelain des Requétes locaux, il se promène dans les rues, un fusil en bandoullière. Les prisonniers redoutent ses visites et le considèrent comme un « oiseau de mauvaise augure ». Il adore les exécutions et n’en manque pratiquement aucune. Il propose la confession et les derniers sacrements à ceux qui vont être fusillés. Puis, les chaussures maculées de sang, il va voir les familles des rares condamnés qui ont accepté ses services. Il tient une liste de tous les exécutés , en notant s’ils se sont confessés. Plus de quatre-cent habitants de Jaca et des villages environnants sont tués. »

C’était il y a plus de quatre-vingt ans et nous ne pouvons pas, nous ne devons pas oublier. Ces évènements en Espagne annonçaient les succès ultérieurs du nazisme et du fascisme – en France, la défaite de 1940, la Chute de la République, l’instauration du Régime de Vichy, la destruction de la démocratie, la négation des valeurs du Siècle des Lumières.

  • A l’heure où prospèrent les complotistes et les révisionnistes de l’Histoire,
  • au moment où des personnalités politiques porteuses de ces idéologies mortifères se dédiabolisent,
  • à l’instant où les idées rances se banalisent,

osons affirmer haut et fort les valeurs de la République, clés de voute de notre Etat de Droit, fondées sur la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen de 1789 [1], sur le Programme du Conseil National de la Résistance [2], sur le préambule de la Constitution de notre IVe République [3].

Vive notre République démocratique, sociale et laïque !

Libertad, Igualidad, Fraternidad !

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Photo du haut : Philippe Jean, trésorier du CLR Pyrénées.

Voir aussi la rubrique CLR Pyrénées dans CLR en régions (note du CLR).


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