Revue de presse

"Des personnalités de gauche se mobilisent pour la laïcité" (Le Monde, 19 mars 16)

18 mars 2016

"Le Printemps républicain dénonce les " islamo-gauchistes " et " le racisme qui diabolise les arabo-musulmans "

C’est le dernier-né dans la catégorie des initiatives pour " faire de la politique autrement ". Le collectif du Printemps républicain se réunira pour son lancement, dimanche 20 mars à La Bellevilloise, à Paris, après avoir publié un appel dans Marianne. L’objectif : promouvoir les valeurs communes de la République, au premier rang desquelles la laïcité. Parmi les signataires, le politologue Laurent Bouvet, qui est à l’origine du texte, la philosophe Elisabeth Badinter, l’historien Marcel Gauchet, l’ex-ministre de la culture, Fleur Pellerin, le comédien François Morel ou encore la journaliste Anne Sinclair.

Ni think tank, ni lobby, ni courant politique, mais à la croisée de tout cela. L’appel cherche surtout à redéfinir une laïcité de gauche, en cherchant une " troisième voie ", selon l’expression d’Elisabeth Badinter. " Cette voie étroite qui rejette dos à dos les deux écueils de l’heure, c’est-à-dire, d’un côté, le racisme qui diabolise les arabo-musulmans, et, de l’autre, le déni pratiqué par les islamo-gauchistes à l’égard de la montée en puissance de l’islamisme radical ", explique-t-elle dans Marianne.

L’appel est surtout le dernier symptôme de la crise de la laïcité qui couve à gauche depuis les attentats de janvier 2015. La majorité a préféré, devant l’inflammabilité de la matière, mettre un couvercle dessus. Mais le malaise s’exprime ponctuellement, par des polémiques qui éclatent, comme celle autour de l’Observatoire de la laïcité. Cette institution, rattachée à Matignon, a été vertement critiquée par Manuel Valls qui lui reproche sa vision trop passive de la laïcité. Plusieurs membres de l’Observatoire se sont mis en retrait, jugeant que l’instance sortait de son rôle en voulant faciliter le dialogue interreligieux. L’un d’entre eux, Patrick Kessel, a d’ailleurs signé l’appel.

Si les promoteurs du Printemps républicain dénoncent les attaques contre la laïcité de la part des institutions religieuses, l’initiative est aussi en creux une critique virulente du courant incarné entre autres par Jean-Louis Bianco, le président de cet observatoire, qui serait, selon ses détracteurs, trop conciliant avec les risques de dérive communautariste. " Il y a un problème d’atteinte interne aux institutions ", prévient Laurent Bouvet qui regrette une vision de la loi de 1905 réduite à un " juridisme strict ", et une négation des problèmes de la société française.

Les initiateurs du texte revendiquent un droit de critique de " l’islamisme politique ", sans être taxé d’islamophobie. " La laïcité est attaquée à la gauche de la gauche, pour des raisons politiques et non pas religieuses, par des personnes imprégnées d’une idéologie postcolonialiste, qui voient les musulmans comme les nouveaux damnés de la Terre, et qui refusent de voir qu’il y a une continuité entre islamisme politique et djihadisme ", explique Laurent Bouvet.

A l’inverse, les signataires ne veulent pas être assimilés aux " radicaux qui veulent laïciser toute la société ", explique le politologue, qui rappelle son opposition à l’interdiction du voile à l’université.

Le texte tente donc de garder un équilibre prudent et appelle surtout à défendre " ce qui nous est commun " dans la République. La liste globale des signataires, qui se revendiquent " de gauche ", brasse des partisans de Manuel Valls, comme le délégué interministériel à la lutte contre le racisme et l’antisémitisme, Gille Clavreul, et des membres de l’aile gauche du PS, comme Jérôme Guedj ou Emmanuel Maurel. Ce dernier regrette que le fait religieux " soit devenu un impensé au PS. On avait une conception très combative de la laïcité, qui a peu à peu disparu. Vidée de son sens originel, elle est aujourd’hui récupérée par la droite dure et l’extrême droite. ""

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