Revue de presse

"Dechy : une collégienne et sa famille harcelées par un « croyant » trop zélé" (lavoixdunord.fr , 27 mai 15)

1er juin 2015

"Depuis une dizaine de jours, les parents d’une élève du collège Langevin, de Dechy, sont en butte aux menaces, aux insultes et aux gestes grossiers du père d’une camarade de classe de leur fille. À l’occasion de cette histoire, ils ont découvert que leur fille serait harcelée depuis la rentrée.

Nourredine et Dalila racontent une drôle d’histoire… Vendredi 15 mai, leur fille Iman [1], 12 ans, sort du collège avec une copine lorsqu’elle se fait apostropher par le père d’une camarade de classe. L’homme menace « de l’envoyer à l’hôpital ». « Moi je fais le djihad. J’ai pas peur d’aller en prison. Appelle ton père on va lui régler son compte », aurait-il ajouté. Iman, en pleurs, appelle son père et se fait arracher le téléphone des mains : « Il voulait que j’aille devant le collège, raconte Nourredine. J’ai réussi à le convaincre de venir me voir sur la place de la mairie de Dechy. Je voulais l’éloigner de ma fille ». La rencontre est explosive : « Il m’a dit, retiens ta fille, sinon je vais la brûler et après on va s’occuper de toi . Il était avec sa femme qui portait le niqab. Lui aussi était vêtu de manière à revendiquer son appartenance religieuse ».

L’entretien s’envenimant, Nourredine compose le 17 et relève la plaque d’immatriculation de la voiture de son interlocuteur. « La police est arrivée rapidement et grâce à la plaque, il a pu être identifié ». Comme les policiers le lui conseillent, Nourredine va déposer plainte au commissariat de Douai. « Ma fille est rentrée traumatisée, reprend Dalila. Recroquevillée. Elle ne voulait pas manger, ne parlait pas. La nuit, elle a fait des cauchemars… Nous sommes allés aux urgences pédiatriques de l’hôpital, le lendemain. Elle a eu un arrêt maladie de sept jours pour troubles anxieux. »

Pendant le week-end, Iman commence à parler de ce qui se passe dans sa classe depuis la rentrée. « Nous sommes athées, et visiblement, cela ne plaisait pas. Iman subissait un harcèlement psychologique de la part de la fille de cet individu, raconte Dalila. À plusieurs reprises, elle s’est fait traiter de sale Française et de sale P… Pour ne pas être exclue, elle s’était mise à ne plus manger de viande à la cantine. À s’habiller de manière neutre en fermant jusqu’au dernier bouton du chemisier… J’avais bien noté des changements dans son comportement, mais je mettais cela sur le compte de la crise d’adolescence. Quant à ses notes, elles avaient baissé par rapport à l’année précédente. »

Par deux fois au cours de la semaine suivante, en allant à la sortie du collège pour récupérer les devoirs pour leur fille, Nourredine et Dalila recroiseront « l’individu ». Des insultes et des menaces fuseront. Par deux fois, Nourredine déposera plainte au commissariat. « On a aussi appelé le numéro vert pour les problèmes de radicalisation, explique Dalila. Ils nous ont bien conseillés. Mais là, on ne sait plus quoi faire. On passe notre vie au commissariat. Ça devient irrespirable… ». « Serons-nous obligés de changer de commune ? », renchérit Nourredine.

Des enquêtes en cours

Même si Nourredine et Dalila ont un peu l’impression d’être une livrés à eux-mêmes, même si on peut se demander dans quelle mesure le problème n’a pas des causes psychiatriques, les services de renseignement et de police ont pris l’affaire au sérieux et diligentent des enquêtes. « Bien sûr, il y a un temps de travail sur un dossier comme celui-là, mais la plainte est prise en compte », explique-t-on du côté de la sécurité intérieure. Le procureur de la République est lui aussi attentif, notamment parce que des collégiens sont concernés : « Ce sont des affaires sensibles sur lesquelles nous devons d’être vigilants, souligne-t-il. Encore plus que le différend entre les parents, c’est ce qui se passe entre les collégiens qu’il faut comprendre. »

Le collège en première ligne

Tout le monde, avec cette histoire, marche un peu sur des œufs et en premier lieu le collège Langevin de Dechy qui se retrouve là en première ligne…

Le conseiller principal d’éducation, qui selon Nourredine aurait été témoin d’au moins une algarade, à la sortie du collège, refuse de s’exprimer sur l’affaire, s’abritant derrière son devoir de réserve. Quant à Mme Drouffe, la principale de l’établissement, elle n’a pas été joignable de toute la journée, occupée à des entretiens avec des professeurs."

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[1Prénom d’emprunt.


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