Communiqué du CLR

De la préférence régionale au fascisme (5 nov. 04)

novembre 2004

Le Comité Laïcité République dénonce la « préférence régionale » qui se développe en marge de la politique générale de décentralisation en France et d’émergence des régions en Europe, comme c’est malheureusement déjà le cas depuis longtemps dans l’éducation nationale.

Pour exemples, le "rééquilibrage" des emplois en faveur des Corses, conclu entre la direction de la compagnie publique SNCM et le syndicat des travailleurs corses (STC-nationalistes) ; la "préférence régionale" dans la Région Bretagne.

Une dérive analogue touche aussi la Réunion où la "préférence régionale" à l’embauche a été inscrite dans un accord entre France Télécom et les syndicats, au grand dam du préfet qui a condamné cet accord.

Ces accords sont discriminatoires, préjudiciables à l’égalité républicaine et ne font qu’accompagner une politique de décentralisation orchestrée par M. Raffarin, qui, ne l’oublions pas, a du faire usage de l’article 49-3, en juillet 2004, pour accélérer l’acte II de la décentralisation, dont le but est de « faire émerger la France des Régions ». Une France des régions très largement favorisée et souhaitée par l’ensemble de la classe politique.

Comment ne pas voir l’analogie entre ces pratiques régionalistes et la « préférence nationale » que prône l’extrême-droite ? Sans faire d’amalgame, comment ne pas s’interroger sur la concomitance de ces accords avec les actes racistes qui se multiplient en Corse : une trentaine d’actes violents à caractère raciste commis au cours des six premiers mois de l’année 2004 en Corse, une vingtaine d’attentats à l’explosif contre des magasins, des appartements et des entreprises appartenant à des Marocains ou des Français issus de l’immigration, à Bastia, des murs couverts d’inscriptions proclamant : "I Arabi fora" (les Arabes dehors) ou "Terra corsa a i Corsi !" (la terre corse aux Corses !). Dans un communiqué, daté du 7 juillet, l’organisation Clandestini corsi affirmait : "Nous sommes en droit de ne pas accepter ce type de population et les plus réticents seront éliminés physiquement". Ces propos étaient assortis de menaces de mort "contre cette racaille s’enrichissant sur nos terres".

Le Comité Laïcité République rappelle son attachement à la Déclaration des droits de l’homme et du citoyen, qui précise : « Tous les citoyens [...] sont également admissibles à toutes dignités, places et emplois publics, selon leur capacité et sans autre distinction que celle de leurs vertus et de leurs talents. »

S’il est naturel de favoriser, dans le respect des lois et des règlements, le choix légitime de chacun à vivre et travailler où il le souhaite, le Comité Laïcité République estime que cela implique aussi bien le droit de « vivre au pays » que le droit pour qui que ce soit de circuler et s’installer, librement et en toute sécurité, en quelqu’endroit de son choix, sur le territoire de la République et, aujourd’hui, de l’Union européenne.

Le pas est vite franchi de la « préférence régionale » au racisme ordinaire puis au fascisme.

CLR, 5 novembre 2004


Comité Laïcité République
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