Edito

Création du réseau Vigilance travail social, un événement essentiel (G. Chevrier)

par Guylain Chevrier, formateur et enseignant à l’université, ancien travailleur social, membre du Conseil d’administration du Comité Laïcité République. 24 mars 2023

Création du réseau Vigilance travail social, un événement essentiel auquel le Comité Laïcité République apporte tout son soutien !

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Un réseau « Vigilance travail social » vient de se créer à l’initiative de travailleurs sociaux, de cadres du secteur, de formateurs, d’universitaires travaillant dans ce champ, qui nous alertent sur une situation qui gravement se dégrade et à laquelle ils entendent réagir. Cette initiative est essentielle, dans un domaine qui est celui d’une action sociale sans laquelle, bien des situations difficiles, pour les personnes, les familles, aboutiraient à la marginalisation, à la banalisation de la pauvreté, à des exclusions définitives. Notre République laïque a développé une dimension sociale qui lui donne cette valeur qui est celle de concourir au « bonheur de tous », dans l’esprit de la création de la Sécurité sociale, du Conseil National de la Résistance, qui est toujours à défendre, avec des outils qui ont été le plus souvent le fruit de conquêtes collectives, parfois aujourd’hui remis en cause. L’enjeu de l’action éducative est étroitement lié à sa dimension laïque, à l’égalité de traitement de tous devant la loi, au respect de la liberté de conscience des personnes et familles accompagnées, dont le droit est contenu dans la loi. Ce qui implique une neutralité convictionnelle des professionnels, des institutions dans leur intervention, qui doit caractériser le travail social, travail d’utilité sociale et d’intérêt général.

On assiste aujourd’hui à une montée en puissance des remises en cause de cette neutralité qui a été un marqueur de l’action éducative, dès son origine, à l’image de l’Etat laïque, au nom de l’affirmation de revendications religieuses et culturelles. Une évolution qui oriente le travail social vers un droit à la différence au nom d’une prise en compte de la « diversité » qui signe la fin de l’égalité, et encourage une logique des communautés, de séparation, contraire à l’intérêt général et à l’intérêt des bénéficiaires des politiques sociales. Une évolution qui remet en réalité en cause jusqu’au sens même des politiques sociales de l’Etat, comme la protection de l’enfance, la politique du handicap, la dépendance, la lutte contre les exclusions…, qui quitteraient ainsi leur portée d’utilité individuelle et collective, de cohésion sociale.

Plus encore, une large partie des médias du secteur font la promotion régulière de ce modèle différentialiste, qui est celui du multiculturalisme à l’anglo-saxonne, jusqu’à des colloques, excluant la parole de ceux qui entendent défendre le modèle républicain, qui est pourtant notre référence constitutionnelle. Il y a une dimension propre aux valeurs du travail social aussi ici à défendre, qui sont issues de combats politiques et sociaux qui n’ont pu rassembler les forces sociales grâce auxquelles nous disposons de nos acquis sociaux, que par cette dimension laïque, portant au-dessus des singularités les droits et libertés, les devoirs de chacun et de tous, pour mieux permettre à ces singularités d’exister en s’appuyant sur cette égalité des droits. L’action éducative ne peut être que celle qui vise comme finalité, qu’à mieux permettre à ceux que concernent ces politiques sociales à exercer l’ensemble de leurs droits, avec comme dimension fondamentale, l’exercice de leur citoyenneté, qui ne peut être garantie que par une démarche fondamentalement respectueuse du principe d’égalité.

Cette situation est comme devenue inacceptable aux yeux de nombreux acteurs du secteur social et médico-social, auquel celui de l’animation est aussi associé, qui entendent se regrouper au sein d’une organisation susceptible de peser pour se faire entendre, pour renverser cette tendance, pour redonner son sens commun au travail social contre toute entreprise de division qui ne peut que conduire à une régression des droits de ceux que soutiennent ces politiques sociales. Ce réseau rejoint une démarche qui a déjà été celle de Vigilance collèges-lycées et de Vigilance Universités. Aussi, le Comité Laïcité République soutient cette initiative, y apportera son concours autant que possible, et souhaite à cette nouvelle vigie plein succès dans son entreprise. 

Guylain Chevrier,
membre du Conseil d’administration du Comité Laïcité République, formateur et enseignant à l’Université, ancien travailleur social, signataire de l’appel pour la création du réseau Vigilance travail social.



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