Revue de presse

« Conseiller.e.s », « Président.e.s » : la mairie de Paris a dépensé 18 609 euros pour refaire en écriture "inclusive" les plaques rendant hommage à ses anciens élus (lefigaro.fr , 9 déc. 21)

10 décembre 2021

[Les éléments de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"Par Stéphane Kovacs

La démarche, passée inaperçue à l’époque, a été révélée mercredi par l’opposition : la ville n’a pas hésité à regraver des panneaux de marbre qui rendent hommage à ses anciens élus. Montant de l’opération : 18.609 euros.

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À la mairie de Paris, voilà l’écriture inclusive désormais gravée dans le marbre. Au mur du couloir menant à l’hémicycle, deux plaques rendent hommage aux conseillers de Paris ayant effectué plus de vingt-cinq ans de mandat pour l’une ; aux présidents du Conseil de Paris pour l’autre.

Le problème, s’offusque le groupe d’opposition Changer Paris, - qui les a repérées à l’occasion d’« un inventaire de l’état de délabrement de la mairie » - c’est qu’elles sont rédigées en écriture inclusive. « Conseiller.e.s » et « Président.e.s », est-il ainsi gravé en lettres d’or sur ces anciennes plaques commémoratives, dont l’une remonte à 1977. Et ce « sans même mettre de vrais points médians », auront noté les puristes de la novlangue…

Dans l’entourage d’Anne Hidalgo, on réplique que « ces plaques sont le fruit d’une délibération votée à l’unanimité en 2017 ». « La maquette, avec l’écriture inclusive, était dans la délibération qui proposait de les actualiser, pour un montant de 18 609 euros, précise-t-on. Ces plaques ont été dévoilées lors du Conseil de Paris du 5 février 2019. » Pour preuve, ce tweet de l’adjoint EELV David Belliard : « Ce midi, on a célébré la nouvelle plaque des élu-es qui ont fait plus de 25 ans de mandat (sic) A-t-on vraiment besoin de célébrer le cumul sur du marbre en feuille d’or ? Spoiler : non ». Depuis 2019, précise l’Hôtel de ville, « il n’y a eu aucune remarque d’aucun groupe ou d’aucun conseiller ».

Au groupe Changer Paris, on explique que « tout est parti d’un vœu de l’opposition, en 2015, appelant à commémorer les conseillers de Paris ayant plus de vingt-cinq ans de mandat à leur actif ». « Son acceptation par la majorité municipale s’est traduite par une délibération lors de la session budgétaire lourdement chargée de 2017 », relate Aurélien Véron, porte-parole de ce groupe rassemblant Républicains, centristes et indépendants.

« La délibération, m’a-t-on rapporté, était floue et ne mentionnait pas la correction en langue inclusive, dont le concept était d’ailleurs récent. Deux ans plus tard, la plaque en marbre patiné a été retouchée au burin et à l’or fin. Des points sont venus ériger un mur séparatiste entre les trois dernières lettres. Roland Barthes avait dénoncé en son temps la dimension fasciste du langage ; quarante ans plus tard, la mairie de Paris lui donnait raison avec ce détricotage de la langue française afin d’en faire un outil idéologique. »

Président de l’association Sites & Monuments, Julien Lacaze est tout aussi choqué. « C’est la conjonction de l’écriture inclusive, de noms d’anciens conseillers ou présidents du conseil de Paris et du caractère pastiche des plaques (pour la typographie et les supports) qui a quelque chose de troublant et d’assez orwellien, fait-il remarquer. L’application de l’écriture inclusive au passé pourrait faire penser que celle-ci a toujours existé… »

À la mairie, on répond que « la doctrine est de ne pas retenir l’écriture inclusive dans le libellé des plaques commémoratives ». Ces deux plaques, souligne-t-on, constituent des exceptions au sein de l’Hôtel de ville. Sur le site de la mairie, l’écriture inclusive est en revanche de rigueur. Afin de « promouvoir, conforter et garantir l’égalité, dans ses actions à l’égard de ses agent·es comme de ses habitant·es et usager·es du territoire parisien », y apprend-on, Paris a décidé de déployer, en 2021, une démarche de « budgétisation sensible au genre » (BSG). En 2020, la ville, dont la dette s’élève à 7 milliards d’euros, a consacré 27,34 millions à l’égalité femmes hommes."

Lire "« Conseiller.e.s », « Président.e.s » : ces plaques que Paris passe au burin de l’écriture inclusive".



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