Revue de presse

"Condamné pour blasphème en Tunisie, Ghazi Beji obtient l’asile politique en France" (france24.com , 14 juin 13)

14 juin 2013

" Ghazi Beji, un Tunisien de Mahdia, a été contraint de fuir son pays en 2012 pour éviter la prison. Il avait notamment publié sur Facebook des caricatures du prophète Mahomet. Il est le premier réfugié politique tunisien de l’après-Ben Ali.

Il est désormais le premier réfugié politique tunisien de l’après-Ben Ali. Ghazi Beji, un jeune Tunisien condamné par contumace le 25 mars 2012 à sept ans de prison pour blasphème après la publication de caricatures du prophète Mahomet sur les réseaux sociaux, a décroché le précieux sésame délivré par l’Office français de protection des réfugiés et apatrides (Ofpra), le 12 juin.

"Aujourd’hui j’ai reçu un courrier de l’Ofpra m’informant que l’office m’accorde l’asile politique avec tous mes droits, pour une durée de 10 ans. Je suis très content. Je suis reconnaissant envers ma famille d’accueil pour son aide", a déclaré Ghazi Beji au "Courrier de l’Atlas".

Il dénonce le "fascisme religieux"

Originaire de Mahdia, une ville côtière proche de Monastir, dans l’est de la Tunisie, ce jeune homme de 28 ans a toujours revendiqué son athéisme. Une liberté de ton qui a fini par lui coûter cher dans la Tunisie post-révolutionnaire dominée par les islamistes. Diplômé d’un BTS en agroalimentaire, il ne cesse de perdre les différents emplois qu’il occupe parce qu’il ne pratique pas la religion musulmane et qu’il la critique ouvertement. Lassé, il finit par pousser un coup de gueule retentissant sur Facebook.

Le texte, intitulé "L’illusion de l’islam", dénonce "le fascisme religieux en Tunisie et l’exclusion de l’autre au nom de l’islam", expliquait en avril 2013 Ghazi Beji dans une interview accordée à une blogueuse tunisienne pour le site"Tunisian girl". D’après le journal "Le Monde", dans ce pamphlet non traduit de l’arabe, il va même jusqu’à accuser le Prophète de pédophilie.

Jabeur Mejri, lui, croupit en prison

Ghazi Beji est allé loin. Trop loin. Le jeune Tunisien est poursuivi pour atteinte à la morale religieuse, diffamation, et trouble à l’ordre public. Le 5 mars 2012, son compère Jabeur Mejri, auteur d’un texte identique en anglais, "Dark Land", est arrêté. Trois jours plus tard, affolé par la perspective de son procès, Ghazi Beji rassemble ses économies et traverse la frontière tunisienne : direction la Libye. S’en suivent sept mois de cavale, parfois dans des conditions rocambolesques. L’exilé passe par l’Algérie, la Turquie, la Grèce, la Macédoine, la Serbie, la Roumanie, la Hongrie, l’Autriche, la Suisse avant d’arriver en France où il reçoit le soutien de plusieurs associations.

Le 25 mars 2012, Ghazi Beji est condamné par contumace à sept ans et demi de prison ferme et 1 200 dinars tunisiens d’amende. Même sort pour son compagnon Jabeur Mejri, qui croupissait déjà en prison à Mahdia. "Sa situation est très délicate. En effet, il est torturé par les gardiens de la prison et par les autres prisonniers qui l’accusent d’être un mécréant. Les conditions de sa détention sont horribles : il a attrapé la gale et il n’arrive plus à marcher. De plus, on l’oblige à faire les prières dans l’infirmerie de la prison", a dénoncé Ghazi Beji sur le blog "Tunisian Girl".

Jabeur Mejri, dont la peine a été confirmée en appel le 25 juin 2012, a sollicité une grâce présidentielle. Et si l’on en croit les récentes déclarations de Rached Ghannouchi, président du parti islamiste au pouvoir Ennahda, "le blasphème n’est pas un crime". "La liberté de choisir est clairement autorisée dans le Coran qui stipule qu‘il ne doit pas y avoir de contrainte dans la religion’", a-t-il ainsi insisté lors d’un voyage aux États-Unis fin mai, selon l’ONG Human Rights First. Reste donc à savoir si le président tunisien Moncef Marzouki l’entendra de cette oreille."

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