Revue de presse

"Comment résoudre le casse-tête du salafisme" (Le Parisien, 12 av. 16)

13 avril 2016

C’est une mouvance radicale ultra-minoritaire dans le viseur des sommets du pouvoir, de maires désemparés, d’imams impuissants, de voisins suspicieux. Le salafisme, courant fondamentaliste prônant un retour à l’islam des origines, représente moins de 1 % des 4 à 5 millions de musulmans de France, mais suscite les plus vives inquiétudes chez ceux qui y voient une antichambre du terrorisme.

La semaine dernière, le Premier ministre, Manuel Valls, a visé ces « groupes qui sont en train de gagner la bataille idéologique et culturelle », appelant à un « sursaut républicain ».

Fin mars, c’est le ministre de la Ville, Patrick Kanner, qui décrivait dans nos colonnes cette « volonté claire des salafistes de prendre le pouvoir » après avoir avancé le chiffre d’« une centaine de quartiers » dans l’Hexagone présentant des « similitudes potentielles avec Molenbeek ». Des positions jugées « clivantes » et « stigmatisantes » par le Conseil français du culte musulman qui préfère le « travail de fond » et « d’apaisement ».

Ce qui est sûr, c’est qu’il est difficile de contrecarrer un mouvement composite dans lequel gravitent d’un côté des piétistes limitant leur action à la prédication et de l’autre des candidats au djihad. Certains sont à la frontière des lois de la République, d’autres les bafouent carrément mais tous ont choisi la voie de l’isolement.

Cette branche extrémiste, active sur les réseaux sociaux ou dans certaines villes, comme Sarcelles, est en progression constante, fédérant entre 15 000 et 30 000 adeptes. Une estimation qui aurait doublé ces cinq dernières années. « Toute idéologie qui enferme est mauvaise. Les salafistes appellent à la haine de l’autre. Ils se sont engouffrés dans la brèche sociale, se sont posés comme les sauveurs des cités, là où l’Etat a abandonné. Cela ne fait pas partie de nos valeurs », martèle Asma Guénifi, psychologue qui a décrypté ce qui se passe dans la tête de ces islamistes.

Les dispositifs de lutte anti-radicalisation, les fermetures de mosquées sous influence de prêcheurs en guerre contre les « mécréants » comme le « ménage » des imams radicaux n’ont pas permis d’éradiquer le fléau. Les solutions miracles n’existent pas. Si le diagnostic est assurément alarmant, le traitement à administrer, lui, reste à inventer."


"Ni recette miracle ni modèle unique

Les chiffres imposent l’humilité : fin mars, 8 946 situations de radicalisation violente étaient signalées aux autorités françaises, dont 663 concernant des personnes ayant déjà quitté la France. Ni recette miracle ni modèle unique. Deux ans après le lancement du numéro vert (0800.005.896) qui permet de signaler des situations de « radicalisation violente », le ministère de l’Intérieur en reste convaincu. Les dispositifs de lutte contre la radicalisation se sont multipliés doucement dans l’Hexagone, Et tâtonnent encore. C’est aux préfets que revient la charge, d’imaginer les contours du dispositif. Les approches sont variées. A Nanterre, on associe les référents religieux à une cellule de lutte pluridisciplinaire. A Strasbourg, le partenariat s’est ancré avec la maison des adolescents.

A Marseille, c’est une association d’éducateurs qui s’est emparée du sujet, tandis qu’en Seine-Saint-Denis, l’Etat fait confiance à la Sauvegarde de l’enfance, qui a monté une équipe avec des travailleurs sociaux, des psychologues et un ethnopyschiatre.

Le Comité interministériel de prévention de la délinquance (CIPD) se charge d’évaluer les expérimentations. Il dispense aussi des formations de deux jours pour les agents de collectivités locales, des missions locales et même pour les entreprises « où les enjeux de sécurité sont importants ». « Il faut aussi trouver des réponses de terrain, en amont, les maires et acteurs locaux, enseignants, associations, sont en première ligne pour trouver eux aussi des solutions », note un intervenant en Seine-Saint-Denis."

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