Contribution

Comment améliorer notre monde complexe ? Quelques leçons du siècle des Lumières (C. Coutel)

par Charles Coutel, professeur de philosophie à l’Université d’Artois. 26 avril 2013

« Les Républiques vivent de s’améliorer »
Camille Desmoulins

I) De nouveaux défis et de nouvelles tâches

Dans notre monde complexe et déroutant, la question de l’avenir et de notre pouvoir sur lui est essentielle.
Il convient de partir de l’avertissement de Tocqueville, dans De la démocratie en Amérique :
« (Pour l’homme démocratique) le présent grandit ; il cache l’avenir qui s’efface et les hommes ne veulent songer qu’au lendemain » [1].

Mais à cette remarque d’ordre anthropologique, notre modernité, dramatiquement, ajoute des événements traumatiques dont nous n’avons pas encore tiré toutes les leçons ; ainsi les promesses des Grands Récits, ne furent pas tenues et reviendraient nous hanter sous la forme d’illusions renaissantes : les Tours, détruites le 11 septembre 2001, doivent-elles être reconstruites plus haut qu’avant les attentats ?
Et pourtant, dès 1997, Peter Kemp dressait la liste des événements qui auraient dû nous rendre moins naïfs :

  • les bombes atomiques de 1945,
  • le Rapport Meadows qui, en 1973, montrait que la croissance économique infinie et incontrôlée, était devenue impossible,
  • la crise pétrolière de 1974,
  • la succession des catastrophes technologiques : Seveso, Tchernobyl (et, plus récemment Fukushima),
  • la procréation médicalement assistée,
  • l’informatisation de la Société (la vitesse de diffusion des informations forcent, trop souvent, la main des décideurs) [2].

A cela il convient, bien entendu, d’ajouter le génocide perpétré dans les camps nazis et la destruction de villes entières comme Nankin par les Japonais ; sans oublier les attentats du 11 septembre 2001 à New-York.
Sur le plan intellectuel, nous aurions atteint une sorte de Ground Zero philosophique.
A l’heure des promesses déçues, que faire et que devons-nous bâtir ?
C’est au point qu’avec Marc Augé, nous pouvons nous demander : « Où est passé l’avenir ? »
L’ampleur de toutes ces catastrophes nourrit à la fois la stupeur et le découragement : nous devenons perplexes devant la complexité de notre monde. Rien ne nous servirait donc de leçons ?
Pourtant , la fin des promesses est-elle la fin de l’Espérance ? Il n’en est rien ; mais il nous faudrait aller vite et penser ce qui nous arrive. Depuis des années, un certain relativisme à la fois anthropologique et épistémologique s’ingénie à dissoudre la question centrale de « l’amélioration du monde », pour reprendre une formule de Kant.
Comment, en effet, dépasser l’illusion iréniste et naïve d’un avenir radieux ; songeons encore à cette redoutable « heuristique de la peur » chère à Hans Jonas : imaginer le pire pour qu’il n’arrive pas ; mais, bien souvent, l’imaginer n’est-ce pas risquer de le faire advenir ?
Fort de ces avertissements, une triple tâche attend celui qui, malgré tout , pense qu’il est encore possible d’améliorer les choses.

1) Comment parvenir à distinguer puis à harmoniser le futur, l’avenir et le devenir (défini comme avenir dont nous serions responsables) ?

2) Comment distinguer puis harmoniser le possible, le possible possibilisé (un avenir « tout barbouillé de passé » pour reprendre une formule de Péguy) et le possible possibilisant (pleinement animé par l’Espérance) ?

3) Enfin, comment distinguer et harmoniser l’attente, l’espoir et l’Espérance ?

L’enjeu est de taille car il s’agit de se prémunir contre le découragement, « dernier refuge de notre orgueil », pour reprendre une formule de… Mère Térésa !
Lorsque , dans son important ouvrage L’effacement de l’avenir, Pierre-André Taguieff , énonce la tâche de « fonder une éthique de la responsabilité collective » reposant sur « un dialogue entre responsabilités personnelles assumées », il indique bien un chemin de courage mais ne nous laisse aucune carte routière [3].
Il nous faut, aujourd’hui, développer une nouvelle disposition intellectuelle et de nouveaux dispositifs philosophiques voire institutionnels, capables de nous redonner de l’Espérance après toutes les promesses non tenues. Cependant comment échapper au pessimisme confortable comme à l’optimisme béat ?
La relecture attentive des philosophes des Lumières est ici d’un grand secours [4].
Il serait fort utile de relire les philosophes des Lumières à partir d’une approche mélioriste du monde.
Le méliorisme , d’après le Vocabulaire philosophique de Lalande se définit comme suit : « par opposition à l’optimisme et au pessimisme , (le méliorisme) est une doctrine selon laquelle le monde peut être rendu meilleur par les efforts de l’homme convenablement dirigés » [5].
Toute la question est, bien entendu, de savoir ce qu’il faut entendre par « efforts convenablement dirigés » ?

Comme en écho, nous citerons ces lignes de Condorcet :

« Qu’importe que tout soit bien, pourvu que nous fassions en sorte que tout soit mieux qu’il n’était avant nous » (souligné par nous) [6].

II) Eloge du méliorisme des Lumières

La philosophie des Lumières n’est pas homogène. Il est cependant possible de repérer en elle des constantes bien utiles à méditer pour notre propos [7].
Deux philosophes vont retenir notre attention : Kant et Condorcet. L’un et l’autre pensent, en effet, tous les deux, l’intervention du philosophe sur un mode à la fois critique, problématique et programmatique. Ils considèrent que la révolution de 1789 manifeste la possibilité d’ « améliorer le monde ». L’avenir n’est pas tracé d’avance ; il nous faut agir et éduquer notre raison individuelle comme collective. Ces deux philosophes dénoncent les inconséquences de l’arrogance aristocratique et l’orgueil du despotisme, fût-il « éclairé ». La lecture critique et croisée de Kant et de Condorcet pourrait donner du sens à notre recherche d’un « néo-méliorisme », si nécessaire aujourd’hui : il s’agit de passer du rêve de l’avenir à la réalisation du devenir de l’Humanité.
Kant , comme Condorcet, nous aiderait à croire que le monde peut être amélioré.

L’apport de Kant

Dans le même geste philosophique, Kant pose les questions suivantes : que m’est-il permis d’espérer ? (question tournée vers mon avenir) , que puis-je connaître ? (question tournée vers les limites de ma raison), que dois-je faire ? (question tournée vers mon action morale).
La théorie de Kant sur les limites de nos facultés produit une problématique critique de nos connaissances : il s’agit d’oser nous servir de notre raison pour sortir de notre minorité (servitude) où nous plongent à la fois notre paresse et notre lâcheté (« Sapere aude ! »). Ce programme d’éducation de la raison par elle-même se réalise dans deux tâches à reprendre sans cesse : dans l’espace d’une part avec sa théorie de l’Hospitalité universelle, dans la relation au temps d’autre part , avec sa théorie des signes historiques.
Kant , tout d’abord , nous enjoint de méditer sur la sphéricité de notre Terre qui fait de toute rencontre avec les autres hommes, même et surtout s’ils viennent de loin, une occasion de relativiser le formalisme de nos relations juridiques, notamment contractuelles, en nous demandant comment mieux articuler nos droits (garantis par la Constitution et le Droit public) et notre Devoir d’accueillir autrui (par l’Hospitalité). Car qui nous assure que les hommes ne sont pas victimes de la « violence » implicite contenue dans toute relation juridique ? [8] Kant voit dans cette harmonisation du Droit public international et du Droit cosmopolitique (qui met le devoir d’Hospitalité au centre de nos relations), un moyen de viser l’amélioration du monde [9]. Améliorer le monde, c’est tout faire pour appliquer cette Hospitalité universelle, entre Etats et entre individus. Cette problématique est largement développée dans le texte Vers la Paix perpétuelle de 1795, dans son Article définitif.

A cette première tâche cosmopolitique, Kant ajoute un nouvel impératif épistémologique et institutionnel : sachons repérer dans le passé mais aussi dans le présent, les événements qui font vraiment date et sens. Un tel événement mobilise à la fois notre discernement vers le passé tout autant qu’il oriente aussi notre pensée vers l’avenir, et développe notre présence dans le présent [10]. Kant, dans Le Conflit des Facultés de 1798, nomme signe historique un événement qui aurait ainsi dans le même temps, une portée démonstrative (pour le présent) , une portée remémorative (pour le passé) et une portée pronostique (pour l’avenir) [11]. Améliorer le monde, c’est scruter, voire susciter, des événements qui « déshabituent » les esprits d’eux-mêmes et ouvrent des possibles nouveaux [12] Le signe historique « possibilise » le temps et l’histoire : améliorer le monde c’est s’appuyer sur le présent pour stimuler notre pensée de l’avenir comme devenir possible et amplifié de notre liberté future. Or actuellement, l’avalanche d’informations mises sur le même plan brouillent notre perception : la croissance actuelle de la pauvreté et de la précarité (le « sur-endettement » et la montée des « nouveaux pauvres », par exemple) constituent à l’évidence, un signe historique, au sens kantien, bien plus que des faits superficiels relayés par les médias de masse. Pour Kant, la Révolution de 1789 manifeste un fait historique majeur et confirme qu’il y a bien en nous une raison capable non seulement de penser les conditions d’une amélioration du monde mais aussi de la réaliser effectivement. Ainsi, développons notre sens de l’Hospitalité (nous appartenons au même monde) et sachons détecter l’important, au-delà des fausses urgences artificiellement entretenues (sous nos yeux des événements historiques se déroulent sans doute, mais cherchons-nous à les voir ?).

L’apport de Condorcet

On doit à Condorcet d’avoir traduit les Lumières dans la Révolution de 1789. Ce geste « traductologique » fonde son méliorisme actif. Pour cela Condorcet mène un double travail politique et philosophique que l’hagiographie républicaine a longtemps occulté, notamment depuis les Idéologues et la Troisième République [13]. Trop souvent nous lisons ce philosophe comme un simple maillon entre Turgot et Comte, au sein d’une « philosophie » du Progrès continu et harmonieux, ou comme la simple laïcisation du providentialisme classique d’un Bossuet. Or la lecture attentive des textes lève vite ces confusions [14].
Cette lecture permet une clarification du concept d’avenir chez Condorcet, qui renvoie dos-à-dos les thèses optimistes et les thèses pessimistes. Il accomplit, pour justifier cette position philosophique, deux gestes théoriques :
1) il montre pourquoi il convient de ne pas choisir entre Turgot et Rousseau mais de combiner leurs présupposés,
2) il montre comment lire Thomas More avec Machiavel, et, Machiavel avec Thomas More.

L’originalité de Condorcet réside dans son art de faire travailler les présupposés philosophiques des auteurs que certains s’ingénient à opposer.
Ce double travail de lecture et de confrontation théorique fonde son « méliorisme », alors que se déroule la Révolution.

Ainsi lit-il le Discours sur les Progrès de l’esprit humain, prononcé par Turgot en 1750, avec les analyses de Rousseau, exposées, notamment dans le Discours sur l’origine de l’inégalité parmi les hommes (1755). Les hommes doivent progresser mais rien n’est décidé d’avance et l’humanité peut se tromper et même régresser ; les hommes sont perfectibles, comme le dit Rousseau, mais pour autant, Condorcet ne cède pas au pessimisme, car il est possible d’« orienter » les progrès vers un « mieux » émancipateur [15]. C’est pourquoi , contrairement à Turgot et à la tradition hagiographique, Condorcet parle « des » progrès et du « perfectionnement » de l’Humanité [16]. C’est l’usage et la diffusion des Lumières grâce aux Institutions républicaines dédiées aux savoirs (Instruction publique, Universités , Académies, Sociétés savantes , Bibliothèques publiques, etc.) que les citoyens se préparent à orienter l’avenir vers le devenir [17]. Les Lumières, diffusées par la République, sont les savoirs, les arts et les techniques mis au service de l’amélioration du monde. La fondation conjointe de la République et de l’Instruction publique travaille à cette amélioration en contribuant au développement de la raison individuelle et commune, comme on peut le constater à la lecture des Cinq Mémoires sur l’Instruction publique de 1791. Ainsi pour que l’essor des sciences, des arts et des techniques ne nous submerge pas , soyons vigilants et instruisons toujours mieux les futurs citoyens, en développant leur conscience « cosmopolitique » au sein d’une « histoire de la liberté humaine » consciente d’elle-même. Pour cela, gardons en mémoire que nous sommes vulnérables et perfectibles ; Condorcet précise même :

« Nous exposerons l’origine, nous tracerons l’histoire des erreurs générales qui ont plus ou moins retardé la marche de la raison » et dresserons « le tableau de nos espérances ». [18]

Condorcet conserve l’affirmation de la nécessité du progrès mais néanmoins celui-ci doit être travaillé par la conscience de la perfectibilité et de la vulnérabilité de l’homme, centrale chez Rousseau.
Un second travail philosophique résume le « méliorisme » de Condorcet : conservant l’aspiration et l’espoir utopiste de Thomas More, il va aussi tenir compte de l’avertissement d’un Machiavel. Il s’agit, à nouveau , de sortir d’une opposition naïve entre les penseurs : c’est dans une meilleure connaissance du passé que l’on pourra diriger, dès à présent, l’énergie révolutionnaire et l’espérance utopique ; l’affirmation doit être accompagnée du recul d’un Machiavel, lequel « se contente de chercher dans l’examen approfondi des faits de l’histoire les règles d’après lesquelles on pourrait se flatter de maîtriser l’avenir » [19].

Thomas More, comme Platon, sut nous proposer un « plan complet » de la société future, un « modèle dont il fallait que la pratique tendît sans cesse à se rapprocher » [20]. Il nous faut toujours travailler à changer toute la société quand elle est à ce point injuste. Thomas More nous aide même à formuler, voire à surmonter, le paradoxe de l’avenir : imaginer rationnellement une société future meilleure non pour fuir le présent mais pour nous donner le courage, dès aujourd’hui , de résister au désespoir et de vouloir « améliorer les choses ».
Combinant Thomas More et Machiavel, Condorcet se propose donc de fonder l’espérance utopique sur une meilleure connaissance du passé, sur une meilleure remémoration de nos erreurs et sur une Education de la raison par elle-même. Cependant, sommes-nous vraiment prêts à faire ce travail critique sur nos erreurs présentes ou passées ?

Ainsi, l’association de Kant , par ses théories de l’Hospitalité universelle et des signes historiques et de Condorcet, par ses analyses des progrès perfectibles conscients de la portée pédagogique et critique de nos erreurs , ouvre un espace critique et problématique rendant visible une approche non sceptique et relativiste de l’avenir : les hommes , quand ils usent librement de leur raison « agrandie par l’étude » (Condorcet), et quand ils ont la générosité d’accueillir celui ou ceux qui viennent de loin (le devoir d’Hospitalité) sont capables d’être des acteurs mélioristes de leur devenir : leurs erreurs à ce prix deviennent autant de leçons pour l’avenir [21]. Mais l’avenir semble impossible à envisager pour toute société qui ne lit plus les philosophes et bâillonne les artistes. Cependant, quand elle reste l’amie de la philosophie, le présent devient un fait qui s’éclaire par le passé : il prépare l’avenir, défini comme devenir.

III) Pour un nouveau méliorisme au service de l’Espérance

Récapitulant le siècle des Lumières, Kant et Condorcet au plus près de la Révolution de 1789, nous indiquent le lieu conceptuel du méliorisme ; certes, nous sentons encore l’insuffisance des idéologies du Progrès, sans cesse contredites par les catastrophes, évoquées précédemment. Ce Progrès linéaire n’est qu’une pâle laïcisation du providentialisme religieux et une pensée de « Caisse d’Epargne » comme dirait Péguy [22]. C’est ainsi que certains vont jusqu’à proclamer la « fin des utopies et des idéologies »…
Mais le détour par les Lumières, qui surent être critiques d’elles-mêmes, montre qu’un simple appel incantatoire à la vigilance ne saurait suffire.
Faut-il, comme nous le demandent Péguy et Mounier, « refaire la Renaissance » ? Je ne sais.
Mais deux tâches, plus modestes, semblent nous attendre, comme autant d’urgences :

1) Osons un travail méticuleux sur les mots et les concepts dont nous usons pour nous dire et dire nos crises ; nous mélangeons souvent les niveaux et ne distinguons pas assez les concepts ; Péguy en août 1914, dans son dernier texte prévenait :
« Tout un peuple prépare tellement sa tranquillité qu’il anéantit son être même et, dès à présent, l’enterre dans un irréfragable passé (…) tout un peuple prépare tellement la tranquillité de son futur qu’il anéantit son être de demain pour avoir dès aujourd’hui cette paix qui ne peut être que la paix d’hier » [23].

L’avertissement est clair : il nous faut oser chercher et trouver les mots et formuler les problèmes qui sont nôtres. Pour cela, soyons les auteurs de notre parole et de notre liberté, contre tous les fatalismes et les conformismes des « pensées uniques ». Osons le « possible possibilisant » : le possible sur le possible. Qui ne voit aujourd’hui l’urgence de cette tâche ?

2) Osons un travail d’engagement politique et associatif effectif, au sens tocquevillien : s’attarder volontiers sur les « petites » affaires de la Cité car elles préparent les « grandes ». Il s’agit de prendre au sérieux l’avertissement d’un Camille Desmoulins : « Les Républiques vivent de s’améliorer ». Le méliorisme apporte la réforme dans la révolution et la révolution dans la réforme.
La leçon des Lumières est claire : sur tout sujet où le Bien commun est en jeu, tout citoyen éclairé est à écouter et à respecter, car les progrès des lumières politiques dépendent des progrès des lumières générales (Condorcet). A ce prix, les démocraties gestionnaires (re)deviendront des Républiques hospitalières, soucieuses de l’intérêt public, voire de l’avenir de l’Humanité.

Ainsi la conscience inquiète de l’avenir doit se compléter d’une mobilisation concrète pour le « devenir » de cet avenir afin de rompre avec une certaine peur du futur, exploitée par des « experts » futurologues, médiatisés et auto-proclamés.

Les philosophes des Lumières nous aident oser « avoir l’avenir devant nous » et à fonder une Espérance entée sur une Raison que la République s’efforce de toujours mieux former chez tous les citoyens.

En les (re)lisant nous pourrions réapprendre la République.

Charles Coutel
Directeur de l’IEFR
Centre Ethique et Procédures (Douai)
Equipe RECIFES

[1Ed. Garnier-Flammarion, p. 88.

[2L’Irremplaçable (1997).

[3Ed. Galilée, 2000, p. 469.

[4Notre tentative de relire les Lumières à partir de l’approche mélioriste doit beaucoup aux hypothèses de notre ami Laurent Loty ; voir son intervention au Colloque international Condorcet de 1988.

[5Ed. PUF, 1968, p. 606. Lalande évoque Sully et Spencer comme défenseurs de cette doctrine.

[6Oeuvres complètes (Ed. Arago, 1847-1849, Firmin-Didot en 12 volumes) ; vol. IV, p. 225.

[7Pour une approche synthétique des Lumières, nous renvoyons à notre petit livre Lumières de l’Europe, paru en 1997 chez Ellipses, et aux travaux du regretté Charles Porset, récemment disparu.

[8Sur cette contradiction, voir l’analyse de François Marty, L’homme habitant du monde, Paris, Champion, 2004 ; toute relation contractuelle produit à la fois une volonté de respecter formellement un engagement mais en même temps qu’elle entretient une défiance car cette promesse pourrait être trahie ; l’Hospitalité comme devoir a priori individuel et collectif, échapperait à ce risque.

[9Cette harmonisation est aujourd’hui quasiment impossible à penser, tant le concept idéologique de "mondialisation" occulte la prégnance de l’Hospitalité universelle, prônée par Kant.

[10Nous renvoyons aux analyses proposées par Michel Foucault du texte de Kant : "Qu’est-ce que les Lumières ?" de 1784.

[11Pages 99 et suiv. de l’édition Vrin.

[12Dans un cadre chrétien, Emmanuel Mounier parlait de l’événement comme d’un "maître intérieur" : voir ses analyses remarquables et à chaud des Accords de Munich.

[13Se reporter aux travaux de Jean-Pierre Schandeler et à notre petit livre Condorcet Instituer le Citoyen, Paris, Michalon, 1997.

[14Le lecteur dispose, depuis 2004, d’une édition critique du Tableau historique des progrès historiques de l’esprit humain, INED. Cette édition savante met en perspective les analyses de Condorcet à partir de leur genèse chronologique, épistémologique et sémantique.

[15Rousseau, quant à lui, en arrive à écrire dans le Second Discours : "nous âmes se sont corrompues à mesure que nos sicences et nos arts se sont avancés à la perfection." (OC III, p. 9).

[16Voir les travaux de Michelle Crampe-Casnabet et de Catherine Kintzler.

[17Voir notre intervention au colloque "Académies et sociétés savantes en Europe, 1650-1800", actes parus chez Champion, Paris, 2000.

[18Ces lignes du Tableau historique résument toute la problématique de Condorcet.

[19Tableau historique, édition citée, p. 357.

[20Ibidem.

[21Toute la grande philosophie intériorise quelques événements pour en indiquer la portée universelle et historique, au sens de Kant : le Procès de Socrate pour Platon, la Révolution de 1789 pour Condorcet ou Kant, l’Affaire Dreyfus pour Péguy, etc.

[22Péguy entend par là le fait de penser l’avenir comme une simple accumulation d’intérêts à partir d’un capital présent.

[23Note conjointe, Gallimard, p. 275.


Comité Laïcité République
Maison des associations, 54 rue Pigalle, 75009 Paris

Tous droits réservés © Comité Laïcité RépubliqueMentions légales