Revue de presse

C. Guilluy : La nouvelle bourgeoisie "se sert de la diversité et de l’immigration pour se donner une caution sociale" (letelegramme.fr , 26 nov. 16)

Christophe Guilluy, géographe, auteur de "Le Crépuscule de la France d’en haut" (Flammarion). 26 novembre 2016

La nouvelle bourgeoisie "se présente comme différente mais sur les fondamentaux, elle fonctionne un peu comme la bourgeoisie d’avant. Elle vit là où ça se passe, c’est-à-dire dans les grandes métropoles, les secteurs économiques les mieux intégrés dans l’économie du monde. Elle est dans la reproduction sociale. On ne compte plus les fils de... Tout ça est renforcé par les dynamiques territoriales qui tendent à concentrer les nouvelles catégories supérieures dans les grands centres urbains avec une technique géniale qui est d’être dans le brouillage de classe absolu.

Que voulez-vous dire par brouillage de classe ?

Cette bourgeoisie ne se définit pas comme une bourgeoisie. Elle refuse bien évidemment cette étiquette. C’est une bourgeoisie cool et sympa. D’où la difficulté pour les catégories populaires à se référer à une conscience de classe. Hier, vous aviez une classe ouvrière qui était en bas de l’échelle sociale mais qui pouvait revendiquer, s’affronter, ce qui est beaucoup plus compliqué aujourd’hui. On a des gens apparemment bienveillants, qui tendent la main et qui se servent beaucoup de la diversité et de l’immigration pour se donner une caution sociale. Mais quand on regarde les choses de près, ce sont en fait des milieux très fermés.

La mixité sociale, le vivre ensemble c’est donc pour vous un mythe ?

Ça, c’est dans les discours mais dans les faits, ce que l’on observe, c’est une spécialisation sociale des territoires. Un rouleau compresseur, celui des logiques foncières, tend à concentrer de plus en plus ces catégories supérieures alors même qu’elles nous expliquent que l’on peut être dispersé dans l’espace, que via le réseau numérique on peut vivre n’importe où.

On assiste donc à une recomposition des territoires ?

Oui. Quand on prend sur le temps long, on voit bien qu’il y a une recomposition sociale du territoire qui nous dit exactement ce qu’est le système mondialisé. En gros, nous n’avons plus besoin, pour créer de la richesse, de ce qui était hier le socle de la classe moyenne : ces ouvriers, ces employés, ces petits indépendants, ces petits paysans. Avec le temps, ces catégories se trouvent localisées sur les territoires les moins dynamiques économiquement, qui créent le moins de richesses et d’emplois. C’est cette France périphérique de petites villes, de villes moyennes et de zones rurales. C’est un modèle que l’on retrouve partout en Europe. [...]"

Lire « La classe moyenne est en train de disparaître ».


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