Revue de presse

“Benoît XVI s’en prend aux "espérances fallacieuses" des idéologies athées” (lemonde.fr , 30 nov. 07)

1er décembre 2007

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"La foi, l’espérance, la charité... Le pape explore les trois "vertus" chrétiennes. Après sa première encyclique, en janvier 2006, consacrée à la charité (Deus est caritas), Benoît XVI a publié la deuxième, vendredi 30 novembre, sur le thème de l’espérance, intitulée Spes salvi (Sauvés par l’espérance). L’a-t-on assez dit ? Ce pape est plus un théologien qu’un grand politique. Il excelle dans cet art d’une écriture longue, limpide, nourrie de références - Augustin, Kant, Bacon, Adorno, Marx, Engels, Dostoïevski... - qui pourront être comprises au-delà des cercles croyants.

Comment "espérer" dans le monde tel qu’il est ? Les idéologies séculières - le progrès, le marxisme, le positivisme, l’individualisme - ont été des "espérances fallacieuses", affirme-t-il. Leur échec est inscrit dans l’Histoire : "Les temps modernes ont fait grandir l’espérance d’un monde parfait. Grâce à la science et à une politique scientifiquement fondée [marxisme], il semblait devenu réalisable." L’"erreur" de Marx (1818-1883), écrit le pape, est d’avoir "oublié que l’homme demeure l’homme, que la liberté demeure la liberté, même pour faire le Mal. Il croyait qu’une fois mise en place l’économie, tout aurait été mis en place. Sa véritable erreur est le matérialisme".

Même erreur pour le progrès "de la fronde à la bombe" qu’avait décrit Theodor W. Adorno (1903-1969), penseur de l’école de Francfort, pointant ses dérives. "Le progrès offre de nouvelles possibilités pour le bien, mais des possibilités abyssales de mal", écrit Benoît XVI, pour qui, sans éthique, l’idéologie du progrès indéfini reste une menace pour le monde. Autre illusion : le "rachat" par la science, selon Francis Bacon (1561-1626), à l’aube des Lumières : "On demande trop à la science, dit l’encyclique. La science peut contribuer à l’humanisation du monde. Elle peut détruire l’homme et le monde si elle n’est pas orientée par des forces qui se trouvent hors d’elles."

Ainsi "l’espérance biblique du règne de Dieu" a-t-elle failli chuter, résume le pape, au nom du soi-disant monde meilleur. Mais ces espérances séculières se sont retournées "contre la liberté", contre "la loi d’amour", contre Dieu. Par quoi les remplacer ? Par l’espérance chrétienne confondue non pas avec un optimisme béat, encore moins l’attente terrifiante du Jugement dernier, mais avec la croyance en un Dieu incarné (Jésus-Christ), proche des hommes.

Dans sa deuxième partie, le pape réfute l’argument le plus souvent opposé à l’espérance en Dieu : la souffrance, la maladie, la mort, jusqu’à l’enfer des camps. L’athéisme est un "moralisme", une protestation contre les injustices : "Un monde dans lequel existe une telle quantité d’injustices, de souffrance (…) et de cynisme du pouvoir ne peut être l’œuvre d’un Dieu bon." Il retourne l’argument : "La prétention, présomptueuse et fondamentalement fausse, de l’homme" à se penser à la place de Dieu a conduit "aux plus grandes cruautés et violations de la justice". Car, "un monde qui doit se créer de lui-même sa propre justice est un monde sans espérance. Personne et rien ne répondent pour la souffrance des siècles. Personne et rien ne garantissent que le cynisme du pouvoir, sous n’importe quel habillage idéologique, ne continue à commander le monde".

La justice de Dieu est supérieure à celle de l’homme : "La protestation contre Dieu au nom de la justice ne sert à rien. Un monde sans Dieu est un monde sans espérance." Aussi le "Jugement dernier" n’est-il pas une "image terrifiante", mais "l’image décisive de l’espérance". Le risque serait de réduire cette encyclique à une nouvelle charge d’un pape contre le progrès, la science, l’athéisme. Elle est une tentative de réponse aux questions les plus graves sur la justice, la souffrance, la vie après la mort."


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