Revue de presse

B. Couturier : "Mehdi Meklat, l’enfant gâté du gauchisme culturel" ( lepoint.fr , 3 mars 17)

Brice Couturier, éditorialiste à France Culture. 5 mars 2017

« La tolérance devient un crime lorsqu’elle s’étend au mal », écrit Thomas Mann dans La Montagne magique. Meh­di Meklat n’a pas seulement été toléré, il a été porté au pinacle par les organes du gauchisme culturel. Ceux-ci l’avaient élevé au rang de chantre ­semi-officiel de la « culture de banlieue ». Soit, pour eux, un mélange de cynisme roublard et de vulgarité ; la banalisation de l’insulte et de la menace ; le sens du « respect » dû au plus fort, au plus menaçant, au plus dangereux ; le mépris des femmes et des faibles, la haine des homosexuels. Bref, le côté « racaille » dans lequel ces journalistes à faible niveau culturel imaginent reconnaître les héritiers de la bohème antibourgeoise d’antan. Et qui sait ? Une nouvelle avant-garde pleine de promesses.

Il y avait un créneau. De petits malins dotés d’un fort sens du marketing se sont engouffrés dans la brèche. Ils ont compris qu’il y avait des places à prendre dans les médias pour peu que l’on puisse étaler une origine outre-­méditerranéenne et que l’on se conforme aux stéréotypes construits par le gauchisme culturel : « racaille », mais politisé. De la gauche qu’il faut. Pas celle qui a hérité des Lumières le goût de la raison droite et du savoir qui émancipe. Non, la gauche branchouille qui a métamorphosé l’antiracisme en multiculturalisme ; l’indifférence envers les origines et les couleurs de peau en autant d’« identités » reposant étrangement sur des détails anatomiques ; l’émancipation envers les origines en assignations identitaires. Une gauche aussi into­lérante et violente que ce « fascisme » dont elle ne cesse de poursuivre le fantôme.

Les médias en question ne sont pas intéressés par les collégiens qui montent des pièces de Molière ou de Beaumarchais, ou apprennent à jouer du piano. [...]

Depuis longtemps, un certain nombre d’intellectuels, comme Pierre-André Taguieff, Alain Finkielkraut ou Georges Bensoussan, tentent de mettre en garde contre un des aspects les plus exécrables de cette soi-disant « culture de banlieue » : le racisme, l’antisémitisme. Mais leurs voix étaient couvertes, leurs propos dénoncés, quand ils n’étaient pas traînés en justice, comme Bensoussan et Pascal Bruckner, pour avoir dit que le roi est nu. Dans le best-seller de la bande dessinée L’Arabe du futur, Riad Sattouf, qui a passé son enfance en Libye puis en Syrie, révèle que la première expression qu’il a apprise sur place en arabe, c’est « sale juif ». Mais il y a un tabou sur ce sujet, pourtant dévoilé par des écrivains et penseurs maghrébins, comme Boualem Sansal. Il est entendu que, en Europe, en France, le racisme ne saurait provenir que de la société d’accueil. Du côté de l’immigration, il est convenu qu’on en est indemne et qu’on « lutte pour ses droits ». En outre, la théorie de la « convergence des luttes » implique que les combats des femmes, des homosexuels et des minorités ethniques se recoupent et se conjuguent [1], sous la direction éclairée d’une extrême gauche qui a trouvé dans ces « minorités » son prolétariat de substitution. [...]

Dénoncé, Mehdi Meklat a fait disparaître en une nuit plus de 40 000 tweets. Ensuite, sur des conseils avisés, il a essayé de nous la jouer écrivain maudit. Cet immense auteur de tweets a invoqué sa « part d’ombre » et un « double maléfique ». Il « questionnait, paraît-il, la notion d’excès et de provocation ». Encore un peu et c’était le bon docteur Destouches, qui s’excusait pour Bagatelles pour un massacre, commis sous le pseudonyme (double maléfique) de Louis-Ferdinand Céline…

Mais qui peut-on ainsi tromper ? Sous son propre nom, sur le site du Bondy Blog, Meklat dressait des portraits de terroristes islamistes terriblement complaisants. Il était l’un des responsables de la revue Téléramadan, qui se présente, au second degré, comme l’incarnation du « grand remplacement ». « Sûrement pas celui que les fous peuvent fantasmer. Nous sommes un grand remplacement naturel, celui d’une génération face aux autres, du cycle de la vie. »

Comme le dit Alain Jakubowicz, président de la Licra, « cette affaire est l’arbre qui cache une forêt de haine et de complaisance sur laquelle il faut enfin ouvrir les yeux ». Car il y a parfois des convergences troublantes entre l’islamisme et cette pseudo-« culture de banlieue » construite par le gauchisme culturel. Les terroristes qui nous ont déclaré la guerre trouvent des disculpations chez les sociologues de l’excuse. Demain, trouveront-ils aussi des bases arrière parmi les amateurs des tweets de Mehdi Meklat ?

Et ce que l’on découvre aujourd’hui avec affolement, c’est qu’une partie de la classe médiatique s’en est rendue complice. Sachant très bien ce qu’écrivait Meklat, elle a d’abord cherché à protéger l’un des siens. [...]"

Lire "Mehdi Meklat, l’enfant gâté du gauchisme culturel".


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