Revue de presse

"Antiracisme : les errements de la France Insoumise" (Charlie Hebdo, 26 août 20)

31 août 2020

[Les articles de la revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

"S’il est des sujets qui ne font pas consensus à LFI, ce sont ceux de la laïcité et de l’antiracisme. L’an passé, les universités d’été des Insoumis s’étaient déchirées à la suite de l’intervention du philosophe Henri Pena-Ruiz et de cette phrase sur Twitter, sortie de son contexte : « On a le droit d’être islamophobe. » En réalité, il avait dit « On a le droit d’être islamophobe, comme on a le droit d’être cathophobe » et défendait ainsi le droit de critiquer toutes les croyances. Qu’importe, bronca parmi certains cadres et militants de LFI. Parmi eux, le journaliste Taha Bouhafs, qui avait alors tweeté qu’il allait quitter le mouvement.

Cette année, loin d’avoir tourné le dos aux Insoumis, le même Taha Bouhafs était lui-même invité à l’une des conférences des universités d’été, consacrée au « nouvel antiracisme populaire » et co­animée par la députée de Paris Danièle Obono et le député de Seine-Saint-Denis Éric Coquerel. Parmi les autres intervenants, il y avait notamment l’universitaire Maboula Soumahoro, qui a été proche des Indigènes de la République, et l’avocat Arié Alimi, spécialisé dans la lutte contre les violences policières. À cette conférence, que nous avons suivie, une seule voix : celle d’un antiracisme très critique envers l’universalisme. Et même parfois l’impression que l’association antiraciste universaliste SOS Racisme est l’ennemi à abattre, plus que le racisme lui-même. « Adama Traoré a enterré SOS Racisme  ! » se félicite un intervenant, sous les applaudissements du public.

« Blanchité », « privilège blanc », « racisés »… le vocabulaire utilisé est inspiré par l’indigénisme. L’intersectionnalité est revendiquée, ce concept universitaire venu des États-Unis qui désigne la prise en compte de l’accumulation de plusieurs discriminations (mais souvent utilisé par ceux qui veulent faire taire la critique de la religion au nom de l’antiracisme). Mabou­la Soumahoro lance d’emblée à Danièle Obono : « Je viens par sororité de genre et par sororité de race. » Taha Bouhafs se montre moins violent qu’il ne l’est sur les réseaux sociaux – rappelons que, sur Twitter, il a qualifié la porte-­parole du syndicat Unité SGP Police, Linda Kebbab, d’« Arabe de ­service ». Ici, il s’en prend à « l’antiracisme moral, un universalisme théorique pour lequel il suffirait de dire que la loi est la même pour tous  ». L’avocat Arié Alimi ajoute : « Je n’ai pas de difficulté à parler de racisme d’État. » [...]

Le choix de ces invités pour parler de l’antiracisme marque-t-il un tournant à LFI  ? Une chose est sûre, depuis sa création, le parti est partagé entre deux courants. Adrien Quatennens, coordinateur de LFI, balaye la question : « C’est une vocation de nos universités d’été que d’inviter des intervenants qui ne représentent pas La France insoumise, pour que chacun puisse en faire son miel. […] Je crois que nous n’avons rien à prouver sur notre vocation républicaine, laïque et universaliste. » Danielle Simonnet, conseillère de Paris et « oratrice nationale » de LFI, qui a assisté dans le public à la conférence, estime que les propos tenus correspondaient à une « ligne de crête » qu’elle tente de maintenir. Elle la définit entre, d’un côté, la défense des propos de Pena-Ruiz (et plus largement la critique des religions) et, de l’autre, sa participation à la très controversée Marche contre l’islamophobie du 10 novembre dernier, pour, dit-elle, ne pas laisser ce sujet à l’islam politique. Ligne de crête qui vire tout de même au grand écart périlleux."

Voir "Antiracisme : les errements de la France Insoumise".



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