Revue de presse

"« Affaire Vivès » – La mécanique d’un lynchage" (P. Sastre, Le Point, 26 jan. 23)

Peggy Sastre, journaliste scientifique et essayiste. 29 janvier 2023

[Les éléments de la Revue de presse sont sélectionnés à titre informatif et ne reflètent pas nécessairement la position du Comité Laïcité République.]

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"Notre époque a besoin de transgression, mais c’est devenu compliqué. Dans les années 1960-1970, les dessinateurs de Hara-Kiri et de Charlie Hebdo ont poussé plus loin que quiconque les limites. C’était au bazooka, et c’était salutaire. Mais tout cela, c’est en train de doucement s’effacer. Le terrorisme a gagné… » Fin 2019, répondant aux questions du Point et aux polémiques dont il faisait déjà l’objet, Bastien Vivès avait eu ces mots dont il serait dommage de réduire la justesse à un simple usage de la métaphore. Une façon de parler désormais lieu commun à l’heure où la prohibition morale d’œuvres de l’esprit – et, surtout, son exploitation dans des milieux se disant progressistes, et qu’on pourrait dès lors croire attachés aux défenses des libertés individuelles, dont celle d’offenser – n’en finit plus de confirmer son retour en force. Parce que, avec l’affaire Vivès millésime 2022-2023, non seulement le « terrorisme intellectuel » peut être pris au pied de la lettre, mais le fait est que, dans sa mécanique, la vindicte populaire dont le dessinateur est aujourd’hui victime n’est pas sans rappeler celle qui avait lancé l’« affaire des caricatures de Mahomet », en 2005. Avant – dix ans plus tard – de provisoirement se briser à Charlie Hebdo, à Montrouge et à l’Hyper Cacher de Vincennes. [...]

Dans le cas de Vivès, ce sont des associations soi-disant engagées dans la lutte contre la pédocriminalité – on aimerait connaître leur bilan réel sur ce point, notamment lorsqu’elles viennent hurler devant un Ehpad, dont elles ont préalablement tagué les murs et les trottoirs alentour pour « signaler » qu’un « pédocriminel » y réside – qui, après l’échec d’une première plainte contre Petit Paul (classée sans suite pour absence d’infraction), ont fait marcher à plein régime la machine à décontextualisation et à saucissonnage de ses œuvres pour faire passer le dessinateur pour un apologue (voire un pratiquant) de la pédophilie. Sans que grand monde, y compris chez des gens éduqués à la confection de fake news, n’y voie autre chose que du feu. [...]"

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