“A Toulouse, meeting de soutien à Redeker, le prof menacé de mort” (Libération, 16 nov. 06)

novembre 2006

"« Tout individu doit avoir le droit de blasphémer. La liberté d’expression ne se négocie pas », insiste Arié Bensemhoun, le représentant toulousain du Comité représentatif des institutions juives de France (CRIJF), lui-même croyant et pratiquant. C’est pour défendre la liberté du professeur de philosophie Robert Redeker, menacé de mort après publication d’une tribune sur l’islam dans le Figaro, que 800 personnes s’étaient réunies hier, dont Mohamed Abdi, de l’association Ni putes ni soumises, le maire (UMP) de la ville Jean-Luc Moudenc, les philosophes Bernard-Henri Lévy et Pascal Bruckner, le journaliste Philippe Val ou l’écrivain Claude Lanzmann. Pour le porte-parole du CRIJF, il est « inacceptable » que l’enseignant de la banlieue de Toulouse soit « maintenu au secret, caché par la police et donc réduit au silence » depuis cette parution. A 21 h 50, Redeker est très brièvement apparu, muet, sur la scène, où il a été longuement applaudi. Peu avant, au journal de France 2, il avait juste indiqué être réconforté par cette « importante mobilisation. » « J’ai reçu des soutiens d’intellectuels mais aussi des milliers de lettres venant de la France profonde. »

Le Comité de soutien pour la loi, le droit républicain et la liberté d’expression a appelé à ce que Robert Redeker puisse « retrouver toute sa liberté dès ce jeudi matin ». « Nous, citoyens de ce pays, devons relever la tête face à la peur », a insisté ce comité. Le professeur de philo confiait récemment que ce mouvement de soutien lui redonne quelque courage, deux mois d’isolement ayant commencé à entamer sa foi en ses semblables. Pour Redeker, trop de personnes avaient jugé son propos sinon « islamophobe », du moins « inopportun ». Il n’y était certes pas allé mollement, comparant le Coran à un « livre de haine d’une inouïe violence » et qualifiant le prophète Mohamet de « pillard, massacreur de juifs et polygame ».

Philippe Val, directeur de Charlie Hebdo, en procès pour la publication des caricatures du prophète, a précisé à Libération qu’il n’aurait pas signé ces propos : « Ce qu’il a écrit ne tient pas debout. » Mais Philippe Val était venu à Toulouse parce que « Redeker avait le droit de tenir ces propos dès lors qu’ils restent dans le cadre de la loi républicaine contre le racisme ou la diffamation ». « Quand Salman Rushdie a été condamné par l’Iran, reprend le journaliste, tout le monde se pressait pour être sur la photo avec lui. Aujourd’hui, ce serait plutôt le contraire. »

Selon le conseil régional du culte musulman de Midi-Pyrénées, qui « condamne avec énergie les propos diffamatoires » de l’enseignant, la liberté d’expression ne peut en aucun cas « offenser la foi des fidèles d’une religion ».« Si un quidam veut dire du mal de Moïse, reprend Arié Bensemhoun, je me dis que Moïse s’en moque puisqu’il n’est plus là pour l’entendre et que cela ne m’atteint pas parce que, moi, je crois. » Il ajoute même : « C’est une tradition locale de blasphémer. Il ne faut pas s’en passer. »"

“A Toulouse, meeting de soutien à Redeker, le prof menacé de mort”.


Lire le communiqué du CLR Soutien total à Robert Redeker (12 oct. 06) (note du CLR).


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