"25 ans après Coluche, on ne peut plus rire de tout !" (Martin Leprince, atlantico.fr , 18 juin 11)

Auteur de "Fini de rigoler : peut-on encore se marrer quand on est de gauche ?" (Editions Jacob-Duvernet, 2010) 21 juin 2011

"Au fil des années, il y a eu une évolution des mœurs dans ce domaine, et les institutions ont baissé leur garde. Mais dans le même temps, il y a eu une baisse de tolérance de la sphère publique sur les sujets liés aux personnes considérées comme "victimes" de la société : les religions autres que le catholicisme, les handicapés, les homosexuels, les femmes, les personnes âgées...

Aujourd’hui, rire de la police ou de la justice est devenu un lieu commun, mais la religion est redevenue sacrée en dehors du catholicisme. [...]

La tendance, c’est que les humoristes aiment bien s’afficher comme sans limites, politiquement incorrects et transgressifs : Stéphane Guillon et Laurent Gerra font leur carrière là-dessus. Mais ont-ils réellement un humour dérangeant ? Abordent-ils des thématiques « interdites » ? Non. Ils vont un petit peu plus loin que les autres, mais sur des thématiques plutôt consensuelles. Le terme transgressif est aujourd’hui vidé de son sens.

La vraie transgression, ce serait quelqu’un qui ferait un sketch sur l’obscurantisme religieux, le communautarisme, le Moyen-orient, les positions victimaires parfois hors de propos, les postures morales ridicules ou les comportements moutonniers... Ceux qui parlent vraiment des sujets de notre époque sont complètement absents du monde du rire. [...]

La grande différence entre Coluche et les humoristes "transgressifs" actuels, c’est que Coluche riait de tout et se moquait des puissants comme des faibles avec une verve identique. Les comiques actuels vont très loin avec les sujets autorisés sans risques, mais acceptent pleinement les règles du jeu et les tabous. Nicolas Canteloup, par exemple, a déclaré dans une interview que la limite, aujourd’hui, c’est la religion : on peut se moquer de la sienne, mais pas de celle des autres. Autre exemple : sur des sujets sérieux comme Fukushima ou les faits divers, qui suscitent des grands mouvements d’empathie, on attend un peu avant d’en rire : même Guillon l’a reconnu."

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